YOUSSOUPHA : Noir D****
YOUSSOUPHA : Noir D****
Youssoupha est de retour avec un troisième album dans la lignée des précédents. Plus connu du grand public pour l’affaire judiciaire l’opposant en 2009 à Eric Zemmour, il n’en demeure pas moins un acteur incontournable de la scène rap.
Les titres du rappeur tournent souvent autour de la justice, de ses origines africaines, des sentiments et de l’amour. Le rappeur aime à chanter le rap d’amour, mais celui-ci n’est pas toujours au rendez vous.
L’album démarre sur « L’amour », un morceau à consonance soul et rap qui donne le ton de l’album. Un titre hypnotique qui débute tranquillement sur le thème de l’amour et le rythme s’accélère petit à petit pour nous offrir un final envoûtant.
Le titre Dreamin en collaboration Indila nous offre une balade tout en douceur. On découvre la voie envoûtante d’Indila, et on apprécie le flow de Youssoupha, avec des textes toujours aussi touchant et bien écrits.
Le titre « Menace de mort » revient sur ses déboires avec la justice suite à l’affaire zemmour. Un regard lucide sur sa situation et l’emprise des médias, le tout résumé par cette dernière phrase tranchante : « Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position »
Nous retiendrons aussi le titre « l’enfer c’est les autres », ou le rappeur enchaîne les punchlines sur le monde qui l’entour, et opère une sévère remise en question sur lui-même. Une écriture toujours aussi travaillée, le rappeur donne à son courant musical ses lettres de noblesses.
Pour rappel Youssoupha est le fils d’une Star de la rumba congolaise dénommé Tabu Ley Rochereau. On retrouve les deux artistes sur le morceau « les disques de mon père », avec une ambiance groovy et un message s’adressant à son enfant.
Youssoupha nous offre un album remarquable, bourré de punchlines, et de textes touchants. Des instrumentales souls, rap, groove, des textes qui ont su sens, on en prend plein les oreilles durant les 17 titres que composent cet album. Le Rap français écrit ses plus belles lignes avec des rappeurs comme Youssoupha.
Il parait même que le meilleur rappeur de France à un cheveu sur la langue…
Clip Dreamin :
Le rap aujourd’hui : entre battle de rap informel et concerts dans les plus grandes salles
Youssoupha est et restera l’un des grands rappeurs français de ce début du 21e siècle. Plus qu’une simple musique, le rap a su imposer un style, un phrasé, une liberté de création qui fait penser à ce que le jazz a pu apporter à la musique contemporaine au vingtième siècle. Si tout part des USA à l’origine, le rap a essaimé dans le monde entier, entraînant dans son sillage plusieurs générations d’amoureux des rythmes, des samples et des rimes.
De nouveaux poètes ont émergé, qui se sont appropriés les codes du rap, comme du slam qui lui est lié. Revendicatrices, les paroles des chansons de rap ont permis à des jeunes de tous horizons de s’exprimer, de raconter leur quotidien, mais aussi de dire leur vision du monde, des relations humaines, d’exposer leurs espoirs et leurs craintes, leurs haines et leurs amours.
Un classique du hip-hop : le battle de rap
Or qui dit rap dit aussi compétition, le battle de rap tenant depuis toujours une place importante, chacun rivalisant de rimes, de flow, de poésie, de rythme et d’invectives. Il en va de même dans la danse hip-hop, autre pendant du mouvement qui a un temps aussi englobé le graffiti, devenu aujourd’hui “street-art”. Ainsi ce sont différentes disciplines qui sont nées ensemble, dans l’ombre des tendances, et qui ont su imposer leur présence d’abord dans les grandes métropoles d’outre-Atlantique, avant de plaire aux jeunes du monde entier.
Il n’est donc pas rare aujourd’hui qu’un battle de rap oppose des artistes d’horizons très divers. Aujourd’hui, dans les grandes villes comme Lyon, Marseille, ou encore Paris et ses banlieues on parle déjà de la quatrième génération de MCs. Le rap est un art qui se transmet et le battle entre rappeurs d’une même génération et entre rappeurs de générations différentes en fait pleinement partie.
L’évolution fulgurante du rap dans le monde
Le rap a connu différentes évolutions, depuis son apparition – à New York City à Philadelphie ? Là encore il y a battle ! – et jusqu’à aujourd’hui. Au départ, les jeunes des quartiers difficiles aux Etats-Unis y trouvaient un moyen d’expression, eux qui étaient voués au silence et dont personne n’entendait parler. Dès lors les rappeurs sont devenus des porte-paroles d’une jeunesse en détresse, mais aussi d’une jeunesse qui voulait avoir son mot à dire. Reprenant, parfois sans le savoir, des traditions ancestrales, comme celle de la joute verbale sous forme de battle de rap, ils ont aussi contribué au développement du marché de la musique.
Quand des producteurs avisés ont décidé de proposer à des groupes de rap de faire des disques, le hip-hop s’est imposé. De sous-culture, le rap est devenu une culture à part entière. Ce sont ainsi de nouveaux codes vestimentaires qui sont apparus – bientôt récupérés par les grandes marques de prêt-à-porter – mais aussi de nouveaux codes linguistiques.
Le rap est aujourd’hui incontournable
Rapidement, on a commencé à intégrer une certaine manière de s’exprimer, de faire des rimes, d’utiliser des morceaux de partitions connues, et le rap est devenu une musique comme les autres. Pourtant, ce qui a fait le rap dès son origine a perduré. C’est pour cette raison que l’on voit encore des danseurs accompagner les chants, s’affronter par groupes comme on le fait pour le battle de rap.
Le troisième pilier du hip-hop, le graffiti, a lui aussi évolué. SI l’on fait encore des battles de graff aujourd’hui, certains graffeurs ont accédé au statut d’artistes internationaux. Leurs œuvres ornent les murs des plus grandes galeries d’art du monde, côtoient les classiques dans les musées d’art moderne et sont vendues aux enchères comme les toiles de Van Gogh ou du Titien.
Le rap : un art singulier
Si pendant une décennie, le rap est resté confidentiel, aujourd’hui tout le monde connaît les rappeurs. Il suffit de voir Youssoupha, Jul ou encore Booba, pour comprendre que le rap fait partie de la Culture, en France comme ailleurs. La jeunesse s’est accaparé cette musique et ces codes. Ses idoles peuvent aussi bien être des chanteurs de variété que des rockeurs, au même titre que cela peut être des rappeurs. Les frontières se sont estompées, même si l’on attend toujours d’un rappeur qu’il soit incisif, qu’il s’impose lors d’un battle de rap improvisé et qu’il revendique la singularité de son art.